Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/417

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cien s’en sert avec avantage. Pourquoi l’économiste n’en ferait-il pas de même ?

Il y a des valeurs égales, il y a des valeurs qui ont entre elles des rapports connus, la moitié, le quart, le double, le triple. Rien n’empêche de représenter ces différences par des lignes de diverses longueurs.

Il n’en est pas ainsi de l’utilité. L’utilité générale, nous l’avons vu, se décompose en utilité gratuite et utilité onéreuse ; celle qui est due à l’action de la nature, celle qui est le résultat du travail humain. Cette dernière s’évaluant, se mesurant, peut être représentée par une ligne à dimension déterminée ; l’autre n’est pas susceptible d’évaluation, de mesure. Il est certain que la nature fait beaucoup pour la production d’un hectolitre de blé, d’une pièce de vin, d’un bœuf, d’un kilogramme de laine, d’un tonneau de houille, d’un stère de bois. Mais nous n’avons aucun moyen de mesurer le concours naturel d’une multitude de forces, la plupart inconnues et agissant depuis la création. De plus, nous n’y avons aucun intérêt. Nous devons donc représenter l’utilité gratuite par une ligne indéfinie.

Soient donc deux produits, dont l’un vaut le double de l’autre, ils peuvent être représentés par les lignes ci-après :

IB, ID, le produit total, l’utilité générale, ce qui satisfait le besoin, la richesse absolue ;
IA, IC, le concours de la nature, l’utilité gratuite, la part de la communauté ;
AB, CD, le service humain, l’utilité onéreuse, la valeur, la richesse relative, la part de la propriété.

Je n’ai pas besoin de dire que AB, à la place de quoi vous