Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/455

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crédits, elles imaginent mille combinaisons pour augmenter le nombre des assurés, c’est-à-dire des associés. Elles assurent une multitude de risques qui échappaient à la primitive mutualité. Bref, l’association s’étend progressivement sur un plus grand nombre d’hommes et de choses. À mesure que ce développement s’opère, il permet aux compagnies de baisser leurs prix ; elles y sont même forcées par la concurrence. Et ici nous retrouvons la grande loi : le bien glisse sur le producteur pour aller s’attacher au consommateur.

Ce n’est pas tout. Les compagnies s’assurent entre elles par les réassurances, de telle sorte qu’au point de vue de la réparation des sinistres, qui est le fond du phénomène, mille associations diverses, établies en Angleterre, en France, en Allemagne, en Amérique, se fondent en une grande et unique association. Et quel est le résultat ? Si une maison vient à brûler à Bordeaux, Paris, ou partout ailleurs, — les propriétaires de l’univers entier, anglais, belges, hambourgeois, espagnols, tiennent leur cotisation disponible et sont prêts à réparer le sinistre.

Voilà un exemple du degré de puissance, d’universalité, de perfection où peut parvenir l’association libre et volontaire. Mais, pour cela, il faut qu’on lui laisse la liberté de choisir ses procédés. Or qu’est-il arrivé quand les socialistes, ces grands partisans de l’association, ont eu le pouvoir ? Ils n’ont rien eu de plus pressé que de menacer l’association, quelque forme qu’elle affecte, et notamment l’association des assurances. Et pourquoi ? Précisément parce que pour s’universaliser elle emploie ce procédé qui permet à chacun de ses membres de rester dans l’indépendance. — Tant ces malheureux socialistes comprennent peu le mécanisme social ! Les premiers vagissements, les premiers tâtonnements de la société, les formes primitives et presque sauvages d’association, voilà le point auquel ils