Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/475

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sur les bases les plus solides. Leur revenu est de 125 millions, et leur capital accumulé atteint 280 millions.

C’est dans ce fonds que puisent tous les besoins quand le travail diminue ou s’arrête. On s’est étonné quelquefois de voir l’Angleterre résister au contrecoup des immenses et profondes perturbations qu’éprouve de temps en temps et presque périodiquement sa gigantesque industrie. L’explication de ce phénomène est, en grande partie, dans le fait que nous signalons.

M. Roebuck[1] voulait qu’à cause de la grandeur de la question, le gouvernement fît acte d’initiative et de tutelle en prenant lui-même cette question en main… Le chancelier de l’Échiquier s’y est refusé.

Là où les intérêts individuels suffisent à se gouverner librement eux-mêmes, le pouvoir, en Angleterre, juge inutile de faire intervenir son action. Il veille de haut à ce que tout se passe régulièrement ; mais il laisse à chacun le mérite de ses efforts et le soin d’administrer sa propre chose, selon ses vues et ses convenances. C’est à cette indépendance des citoyens que l’Angleterre doit certainement une partie de sa grandeur comme nation[2]. »

L’auteur aurait pu ajouter : C’est encore à cette indépendance que les citoyens doivent leur expérience et leur valeur personnelle. C’est à cette indépendance que le gouvernement doit son irresponsabilité relative, et par suite sa stabilité.

Parmi les institutions qui peuvent naître des sociétés de secours mutuels, quand celles-ci auront accompli l’évolu-

  1. Il est à remarquer que M. Roebuck est, à la Chambre des communes, un député de l’extrême gauche. À ce titre, il est l’adversaire né de tous les gouvernements imaginables ; et en même temps il pousse à l’absorption de tous les droits, de toutes les facultés par le gouvernement. Le proverbe est donc faux, qui dit que les montagnes ne se rencontrent pas.
  2. Extrait de la Presse du 22 juin 1850. (Note de l’éditeur.)