Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/491

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toutes deux ont à leur disposition plus de satisfactions respectives ; n’arrivons-nous pas rigoureusement à cette conclusion :

Les lois générales du monde social sont harmoniques, elles tendent dans tous les sens au perfectionnement de l’humanité.

Car enfin, puisque, après une période de cent ans, pendant laquelle elles ont été si fréquemment et si profondément violées, l’Humanité se trouve plus avancée, il faut que leur action soit bienfaisante, et même assez pour compenser encore l’action des causes perturbatrices.

Comment, d’ailleurs, en pourrait-il être autrement  ? N’y a-t-il pas une sorte d’équivoque ou plutôt de pléonasme sous ces expressions : Lois générales bienfaisantes ? Peuvent-elles ne pas l’être  ?… Quand Dieu a mis dans chaque homme une impulsion irrésistible vers le bien, et, pour le discerner, une lumière susceptible de se rectifier, dès cet instant il a été décidé que l’Humanité était perfectible et qu’à travers beaucoup de tâtonnements, d’erreurs, de déceptions, d’oppressions, d’oscillations, elle marcherait vers le mieux indéfini. Cette marche de l’Humanité, en tant que les erreurs, les déceptions, les oppressions en sont absentes, c’est justement ce qu’on appelle les lois générales de l’ordre social. Les erreurs, les oppressions, c’est ce que je nomme la violation de ces lois ou les causes perturbatrices. Il n’est donc pas possible que les unes ne soient bienfaisantes et les autres funestes, à moins qu’on n’aille jusqu’à mettre en doute si les causes perturbatrices ne peuvent agir d’une manière plus permanente que les lois générales. Or cela est contradictoire à ces prémisses : notre intelligence, qui peut se tromper, est susceptible de se rectifier. Il est clair que le monde social étant constitué comme il l’est, l’erreur rencontre tôt ou tard pour limite la Responsabilité, l’oppression se brise tôt ou tard à la Solidarité ; d’où il suit que les causes perturbatrices ne sont pas d’une nature per-