Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/551

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et doit absorber l’activité privée tout entière, la liberté, la responsabilité individuelles ; on décide que tous les services privés doivent être convertis en services publics ; on décide que l’ordre social est un fait contingent et conventionnel auquel la loi donne l’existence ; on décide l’omnipotence du législateur et la déchéance de l’humanité.

En fait, nous voyons les services publics ou l’action gouvernementale s’étendre ou se restreindre selon les temps, les lieux, les circonstances, depuis le communisme de Sparte ou des Missions du Paraguay, jusqu’à l’individualisme des États-Unis, en passant par la centralisation française.

La première question qui se présente à l’entrée de la Politique, en tant que science, est donc celle-ci :

Quels sont les services qui doivent rester dans le domaine de l’activité privée ? — quels sont ceux qui doivent appartenir à l’activité collective ou publique ?

Question qui revient à celle-ci :

Dans le grand cercle qui s’appelle société, tracer rationnellement le cercle inscrit qui s’appelle gouvernement.

Il est évident que cette question se rattache à l’économie politique, puisqu’elle exige l’étude comparée de deux formes très-différentes de l’échange.

Une fois ce problème résolu, il en reste un autre : Quelle est la meilleure organisation des services publics ? Celui-ci appartient à la politique pure, nous ne l’aborderons pas.

Examinons les différences essentielles qui caractérisent les services privés et les services publics, étude préalable nécessaire pour fixer la ligne rationnelle qui doit les séparer.

Toute la partie de cet ouvrage qui précède ce chapitre a été consacrée à montrer l’évolution du service privé. Nous l’avons vu poindre dans cette proposition formelle ou tacite : Fais ceci pour moi, je ferai cela pour toi ; ce qui implique,