Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/591

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tous ou presque tous les procédés de production, pêche, agriculture, industrie, commerce, sciences et arts, sont mis simultanément en œuvre, quoiqu’en proportions variées selon les pays. C’est pourquoi il ne saurait y avoir entre les nations des différences aussi grandes que si chacune se vouait à une occupation exclusive.

Mais, si la nature des occupations d’un peuple exerce une grande influence sur sa moralité ; ses désirs, ses goûts, sa moralité exercent à leur tour une grande influence sur la nature de ses occupations, ou du moins sur les proportions de ces occupations entre elles. Je n’insisterai pas sur cette remarque qui a été présentée dans une autre partie de cet ouvrage[1], et j’arrive au sujet principal de ce chapitre.

Un homme (il en est de même d’un peuple) peut se procurer des moyens d’existence de deux manières : en les créant ou en les volant.

Chacune de ces deux grandes sources d’acquisition a plusieurs procédés.

On peut créer des moyens d’existence par la chasse, la pêche, la culture, etc.

On peut les voler par la mauvaise foi, la violence, la force, la ruse, la guerre, etc.

S’il suffit, sans sortir du cercle de l’une ou de l’autre de ces deux catégories, de la prédominance de l’un des procédés qui lui sont propres pour établir entre les nations des différences considérables, combien cette différence ne doit-elle pas être plus grande entre le peuple qui vit de production, et un peuple qui vit de spoliation ?

Car il n’est pas une seule de nos facultés, à quelque ordre qu’elle appartienne, qui ne soit mise en exercice par la né-

  1. Voir la fin du chapitre XI.