Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/64

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Ainsi l’économie politique n’envisage l’homme que par un côté, et notre premier soin doit être d’étudier l’homme à ce point de vue. C’est pourquoi nous ne pouvons nous dispenser de remonter aux phénomènes primordiaux de la Sensibilité et de l’Activité humaines. Que le lecteur se rassure néanmoins. Notre séjour ne sera pas long dans les nuageuses régions de la métaphysique, et nous n’emprunterons à cette science que des notions simples, claires, et, s’il se peut, incontestées.

L’âme (ou pour ne pas engager la question de spiritualité), l’homme est doué de Sensibilité. Que la sensibilité soit dans l’âme ou dans le corps, toujours est-il que l’homme comme être passif éprouve des sensations pénibles ou agréables. Comme être actif, il fait effort pour éloigner les unes et multiplier les autres. Le résultat, qui l’affecte encore comme être passif, peut s’appeler Satisfaction.

De l’idée générale Sensibilité naissent les idées plus précises : peines, besoins, désirs, goûts, appétits, d’un côté ; et, de l’autre, plaisirs, jouissances, consommation, bien-être.

Entre ces deux extrêmes s’interpose le moyen, et de l’idée générale Activité naissent des idées plus précises : peine, effort, fatigue, travail, production.

En décomposant la Sensibilité et l’Activité, nous retrouvons un mot commun aux deux sphères, le mot Peine. C’est une peine que d’éprouver certaines sensations, et nous ne pouvons la faire cesser que par un effort qui est aussi une peine. Ceci nous avertit que nous n’avons guère ici-bas que le choix des maux.

Tout est personnel dans cet ensemble de phénomènes, tant la sensation, qui précède l’effort que la Satisfaction qui le suit.

Nous ne pouvons donc pas douter que l’Intérêt personnel ne soit le grand ressort de l’humanité. Il doit être bien entendu que ce mot est ici l’expression d’un fait universel, in-