Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 7.djvu/113

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éléments entrent dans ce prix de 100 fr. du produit X, lesquels vont disparaître par la réforme.

1o La matière première ne payera plus de taxe, ce qui permettra une réduction de 10 fr. peut-être à la vente.

2o La vie à bon marché, donnée au peuple, entraînera une baisse égale.

3o La facilité des retours, qui n’existe pas maintenant et que la réforme va conférer aux Anglais, peut équivaloir à une diminution de 5 fr.

C’est donc à 75 fr. au lieu de 100 fr. que le produit X pourra être livré dans notre entrepôt. Ajoutez-y les 50 fr. de droits, et vous n’arrivez qu’à 125 fr., le produit français restant toujours à 150 fr.

S’il veut être fidèle au principe de la protection, l’État devra donc élever le droit de 50 à 75 fr. Or, le droit de 50 fr. sur une marchandise de 100 fr. équivalait à 50 pour 100 ; celui de 75 fr. sur un produit de 75 fr. sera de 100 pour 100.

Par où l’on voit que si le prix baisse d’un quart, il faut que le tarif s’élève du double.

Les industries privilégiées peuvent donc préparer leurs armes, leurs manœuvres secrètes, leurs requêtes et leurs doléances.

Et le ministère aussi peut s’attendre à une laborieuse campagne. Déjà il a bien du mal à maintenir la trêve entre ceux qui profitent et ceux qui souffrent du régime protecteur ; que sera-ce, quand il sera tiraillé dans les deux sens opposés avec une double intensité ? quand les monopoleurs apporteront d’excellentes raisons pour motiver l’exhaussement du tarif, précisément à l’instant où, pour le faire abaisser, les consommateurs donneront de meilleures raisons encore ?

Mais, puisque j’ai nommé le consommateur, permettez-moi une réflexion.

Au point de vue des hommes qui se disent socialistes, j’en-