Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 7.djvu/252

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mot, l’état ; car celui-là sera le sauveur des finances, de l’industrie, du commerce et du travail[1].




60. — PRENDRE CINQ ET RENDRE QUATRE CE N’EST PAS DONNER[2].

Là, soyons de bon compte, qu’est-ce que l’État ? N’est-ce pas la collection de tous les fonctionnaires publics ? Il y a donc dans le monde deux espèces d’hommes, savoir : les fonctionnaires de toute sorte qui forment l’État, et les travailleurs de tout genre qui composent la société. Cela posé, sont-ce les fonctionnaires qui font vivre les travailleurs, ou les travailleurs qui font vivre les fonctionnaires ? En d’autres termes, l’État fait-il vivre la société, ou la société fait-elle vivre l’État ?

Je ne suis pas un savant, mais un pauvre diable qui s’appelle Jacques Bonhomme, qui n’est et n’a jamais pu être que travailleur.

Or, en qualité de travailleur, payant l’impôt sur mon pain, sur mon vin, sur ma viande, sur mon sel, sur ma fenêtre, sur ma porte, sur le fer et l’acier de mes outils, sur mon tabac, etc., etc., j’attache une grande importance à cette question et je la répète :

Les fonctionnaires font-ils vivre les travailleurs, ou les travailleurs font-ils vivre les fonctionnaires ?

Vous me demanderez pourquoi j’attache de l’importance à cette question, le voici :

Depuis quelque temps, je remarque une disposition

  1. On reconnaît, dans cet article et le suivant, l’esquisse du pamphlet l’État, publié trois mois après. Voir t. IV, p. 327.(Note de l’éd.)
  2. No 2 de Jacques Bonhomme, du 15 au 18 juin 1847.