depuis lors, nous nous écrivons tous les ans, au 1er janvier. Elle me raconte sa vie, me parle de ses enfants, de ses sœurs, jamais de son mari ! Pourquoi ? Ah ! pourquoi ?… Et, moi, je ne lui parle que du Marie-Joseph… C’est peut-être la seule femme que j’aie aimée… non… que j’aurais aimée… Ah !… voilà… sait-on ?… Les événements vous emportent… Et puis… et puis… tout passe… Elle doit être vieille, à présent… je ne la reconnaîtrais pas… Ah ! celle d’autrefois… celle de l’épave… quelle créature… divine ! Elle m’écrit que ses cheveux sont tout blancs… Mon Dieu !… ça m’a fait une peine horrible… Ah ! ses cheveux blonds… Non, la mienne n’existe plus… Que c’est triste… tout ça !…
L’Épave a paru dans le Gaulois du vendredi 1er janvier 1886.