Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/170

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mie qui mordra quand elle sera lasse de baisers.

Tous les poètes ont aimé les chats. Baudelaire les a divinement chantés. On connaît son admirable sonnet :

Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux, et comme eux sédentaires.

Amis de la science et de la volupté,
Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres.
L’Érèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres
S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté ?

Ils prennent, en songeant, les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin.

Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques,
Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,
Étoilent vaguement leurs prunelles mystiques.