Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/183

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dit : Ça ne peut pas durer, il me faut le divorce ! Mais comment ? Ça n’était pas facile. J’ai essayé de me faire battre par lui. Il n’a pas voulu. Il me contrariait du matin au soir, me forçait à sortir quand je ne voulais pas, à rester chez moi quand je désirais dîner en ville ; il me rendait la vie insupportable d’un bout à l’autre de la semaine, mais il ne me battait pas.

Alors, j’ai tâché de savoir s’il avait une maîtresse. Oui, il en avait une, mais il prenait mille précautions pour aller chez elle. Ils étaient imprenables ensemble. Alors, devine ce que j’ai fait ?

— Je ne devine pas.

— Oh ! tu ne devinerais jamais. J’ai prié mon frère de me procurer une photographie de cette fille.

— De la maîtresse de ton mari ?

— Oui. Ça a coûté quinze louis à Jacques, le prix d’un soir, de sept heures à minuit, dîner compris, trois louis l’heure. Il a obtenu la photographie par-dessus le marché.

— Il me semble qu’il aurait pu l’avoir à moins en usant d’une ruse quelconque et sans… sans… sans être obligé de prendre en même temps l’original.