Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/259

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Céleste le soignait avec une activité inquiète, lui faisait boire les remèdes, lui appliquait les vésicatoires, allait et venait par la maison ; tandis que le père Amable restait au bord de son grenier, guettant de loin le creux sombre où agonisait son fils. Il n’en approchait point, par haine de la femme, boudant comme un chien jaloux.

Six jours encore passèrent ; puis un matin, comme Céleste, qui dormait maintenant par terre sur deux bottes de paille défaites, allait voir si son homme se portait mieux, elle n’entendit plus son souffle rapide sortir de sa couche profonde. Effrayée elle demanda :

— Eh ben Césaire, qué que tu dis anuit ?

Il ne répondit pas.

Elle étendit la main pour le toucher et rencontra la chair glacée de son visage. Elle poussa un grand cri, un long cri de femme épouvantée. Il était mort.

A ce cri, le vieux sourd apparut au haut de son échelle ; et comme il vit Céleste s’élancer dehors pour chercher du secours, il descendit vivement, tâta à son tour la figure de son fils et, comprenant soudain, alla fermer