Page:Œuvres complètes de H. de Balzac, III.djvu/220

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où les huit cent mille francs à employer en acquisitions territoriales seront placés un jour à quatre et demi pour cent. L’hôtel à Paris doit être également compris dans l’institution du majorat. Le surplus des deux fortunes, sagement administré, suffira grandement à l’établissement des autres enfants. Si les parties contractantes s’accordent sur ces dispositions, monsieur le comte peut accepter votre compte de tutelle et rester chargé du reliquat. Je consens !

Questa coda non è di questo gatto (cette queue n’est pas de ce chat), s’écria madame Évangélista en regardant son parrain Solonet et lui montrant Mathias.

— Il y a quelque anguille sous roche, lui dit à mi-voix Solonet en répondant par un proverbe français au proverbe italien.

— Pourquoi tout ce gâchis-là ? demanda Paul à Mathias en l’emmenant dans le petit salon.

— Pour empêcher votre ruine, lui répondit à voix basse le vieux notaire. Vous voulez absolument épouser une fille et une mère qui ont mangé environ deux millions en sept ans, vous acceptez un débit de plus de cent mille francs envers vos enfants auxquels vous devrez compter un jour les onze cent cinquante-six mille francs de leur mère, quand vous en recevez aujourd’hui à peine un million. Vous risquez de voir votre fortune dévorée en cinq ans, et de rester nu comme un Saint-Jean, en restant débiteur de sommes énormes envers votre femme ou ses hoirs. Si vous voulez vous embarquer dans cette galère, allez-y, monsieur le comte ; mais laissez au moins votre vieil ami sauver la maison de Manerville.

— Comment la sauvez-vous ainsi ? demanda Paul.

— Écoutez, monsieur le comte, vous êtes amoureux ?

— Oui.

— Un amoureux est discret à peu près comme un coup de canon, je ne veux vous rien dire. Si vous parliez, peut-être votre mariage serait-il rompu. Je mets votre amour sous la protection de mon silence. Avez-vous confiance en mon dévouement ?

— Belle question !

— Eh ! bien, sachez que madame Évangélista, son notaire et sa fille nous jouaient par-dessous jambe, et sont plus qu’adroits. Tudieu, quel jeu serré !

— Natalie ? s’écria Paul.

— Je n’en mettrais pas ma main au feu, dit le vieillard. Vous la