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Page:Œuvres complètes de H. de Balzac, III.djvu/242

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Madame Évangélista, voyant son embarras, le pressait du regard et semblait lui dire : — Emportez-les d’ici.

— Chère Natalie, dit Paul à sa future femme, serrez vous-même ces bijoux, ils sont à vous, je vous les donne.

Natalie les mit dans le tiroir d’une console. En ce moment le fracas des voitures était si grand et le murmure des conversations que tenaient dans les salons voisins les personnes arrivées forcèrent Natalie et sa mère à paraître. Les salons furent pleins en un moment, et la fête commença.

— Profitez de la lune de miel pour vendre vos diamants, dit le vieux notaire à Paul en s’en allant.

En attendant le signal de la danse, chacun se parlait à l’oreille du mariage, et quelques personnes exprimaient des doutes sur l’avenir des deux prétendus.

— Est-ce bien fini ? demanda l’un des personnages les plus importants de la ville à madame Évangélista.

— Nous avons eu tant de pièces à lire et à écouter, que nous nous trouvons en retard ; mais nous sommes assez excusables, répondit-elle.

— Quant à moi, je n’ai rien entendu, dit Natalie en prenant la main de Paul pour ouvrir le bal.

— Ces jeunes gens-là aiment tous deux la dépense, et ce ne sera pas la mère qui les retiendra, disait une douairière.

— Mais ils ont fondé, dit-on, un majorat de cinquante mille livres de rente.

— Bah !

— Je vois que le bon monsieur Mathias a passé par là, dit un magistrat. Certes, s’il en est ainsi, le bonhomme aura voulu sauver l’avenir de cette famille.

— Natalie est trop belle pour ne pas être horriblement coquette. Une fois qu’elle aura deux ans de mariage, disait une jeune femme, je ne répondrais pas que Manerville ne fût pas un homme malheureux dans son intérieur.

— La Fleur des pois serait donc ramée ? lui répondit maître Solonet.

— Il ne lui fallait pas autre chose que cette grande perche, dit une jeune fille.

— Ne trouvez-vous pas un air mécontent à madame Évangélista ?

— Mais, ma chère, quelqu’un vient de me dire qu’elle garde à