Page:Œuvres complètes de H. de Balzac, IV.djvu/563

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— Sacrebleu ! j’ai fait la Révolution de Juillet, et c’est bien assez, car elle m’a ruiné…

— Ah ! vous avez fait la Révolution de Juillet, dit le peintre. Ça ne m’étonne pas, car je n’ai jamais voulu croire, comme on me le disait, qu’elle s’était faite toute seule.

— Comme on se retrouve, dit monsieur Léger en regardant monsieur de Reybert. Tenez, papa Reybert, voilà le clerc de notaire à qui vous avez dû sans doute l’intendance des biens de la maison de Sérisy…

— Il nous manque Mistigris, maintenant illustre sous le nom de Léon de Lora, et ce petit jeune homme assez bête pour avoir parlé au comte des maladies de peau qu’il a fini par guérir, et de sa femme qu’il a fini par quitter pour mourir en paix, dit Joseph Bridau.

— Il manque aussi monsieur le comte, dit Reybert.

— Oh ! je crois, dit avec mélancolie Joseph Bridau, que le dernier voyage qu’il fera sera celui de Presles à l’Isle-Adam pour assister à la cérémonie de mon mariage.

— Il se promène encore en voiture dans son parc, répondit le vieux Reybert.

— Sa femme vient-elle souvent le voir ? demanda Léger.

— Une fois par mois, dit Reybert. Elle affectionne toujours Paris ; elle a marié, le mois de septembre dernier, sa nièce, mademoiselle du Rouvre, sur laquelle elle a reporté toutes ses affections, à un jeune Polonais fort riche, le comte Laginski…

— Et à qui, demanda madame Clapart, iront les biens de monsieur de Sérisy ?

— À sa femme qui l’enterrera, répondit Georges. La comtesse est encore très bien pour une femme de cinquante-quatre ans, elle est toujours élégante ; et, à distance, elle fait encore illusion…

— Elle vous fera longtemps illusion, dit alors Léger qui paraissait vouloir se venger de son mystificateur.

— Je la respecte, répondit Georges au père Léger. Mais, à propos, qu’est devenu ce régisseur qui, dans le temps, a été renvoyé ?

— Moreau ? reprit Léger ; mais il est député de l’Oise.

— Ah ! c’est le fameux centrier ! Moreau de l’Oise, dit Georges.

— Oui, reprit Léger, monsieur Moreau de l’Oise. Il a un peu plus travaillé que vous à la Révolution de Juillet et il a fini par acheter la magnifique terre de Pointel, entre Presles et Beaumont.