Cette conversation avait eu lieu pendant le déjeuner, et François, aussi bien que Baruch, écoutaient de toutes leurs oreilles.
— Sacrilége ! s’écria le vieil Hochon. Mais si quelque bon abbé, spirituel comme j’en ai connu quelques-uns, savait en quel embarras vous êtes, il ne verrait point de sacrilège à faire revenir à Dieu l’âme égarée de votre frère, à lui inspirer un vrai repentir de ses fautes, à lui faire renvoyer la femme qui cause le scandale, tout en lui assurant un sort ; à lui démontrer qu’il aurait la conscience en repos en donnant quelques mille livres de rente pour le petit séminaire de l’archevêque, et laissant sa fortune à ses héritiers naturels…
L’obéissance passive que le vieil avare avait obtenue dans sa maison de la part de ses enfants et transmise à ses petits-enfants soumis d’ailleurs à sa tutelle et auxquels il amassait une belle fortune, en faisant, disait-il, pour eux comme il faisait pour lui, ne permit pas à Baruch et à François la moindre marque d’étonnement ni de désapprobation ; mais ils échangèrent un regard significatif en se disant ainsi combien ils trouvaient cette idée nuisible et fatale aux intérêts de Max.
— Le fait est, madame, dit Baruch, que si vous voulez avoir la succession de votre frère, voilà le seul et vrai moyen ; il faut rester à Issoudun tout le temps nécessaire pour l’employer…
— Ma mère, dit Joseph, vous feriez bien d’écrire à Desroches sur tout ceci. Quant à moi, je ne prétends rien de plus de mon oncle que ce qu’il a bien voulu me donner…
Après avoir reconnu la grande valeur des trente-neuf tableaux, Joseph les avait soigneusement décloués, il avait appliqué du papier dessus en l’y collant avec de la colle ordinaire ; il les avait superposés les uns aux autres, avait assujetti leur masse dans une immense boîte, et l’avait adressée par le roulage à Desroches, à qui il se proposait d’écrire une lettre d’avis. Cette précieuse cargaison était partie la veille.
— Vous êtes content à bon marché, dit monsieur Hochon.
— Mais je ne serais pas embarrassé de trouver cent cinquante mille francs des tableaux.
— Idée de peintre ! fit monsieur Hochon en regardant Joseph d’une certaine manière.
— Écoute, dit Joseph en s’adressant à sa mère, je vais écrire à Desroches en lui expliquant l’état des choses ici. Si Desroches te