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LES PARISIENS EN PROVINCE : LA MUSE DU DÉPARTEMENT.

a dès lors vingt-deux, car une Italienne de trente ans est comme une Parisienne de quarante ans.

— Avec ces deux suppositions, le roman peut se reconstruire, reprit Lousteau. Et ce chevalier de Paluzzi ! hein !… quel homme ! Dans ces deux pages le style est faible, l’auteur était peut-être un employé des Droits-Réunis, il aura fait le roman pour payer son tailleur…

— À cette époque, dit Bianchon, il y avait une censure, et il faut être aussi indulgent pour l’homme qui passait sous les ciseaux de 1805 que pour ceux qui allaient à l’échafaud en 1793.

— Comprenez-vous quelque chose ? demanda timidement madame Gorju, la femme du Maire, à madame de Clagny.

La femme du Procureur du Roi, qui, selon l’expression de monsieur Gravier, aurait pu mettre en fuite un jeune Cosaque en 1814, se raffermit sur ses hanches comme un cavalier sur ses étriers, et fit une moue à sa voisine qui voulait dire : — On nous regarde ! sourions comme si nous comprenions.

— C’est charmant ! dit la mairesse à Gatien. De grâce, monsieur Lousteau, continuez ?

Lousteau regarda les deux femmes, deux vraies pagodes indiennes, et put tenir son sérieux. Il jugea nécessaire de s’écrier : Attention ! en reprenant ainsi :

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OU LES VENGEANCES ROMAINES.


robe frôla dans le silence. Tout à coup le cardinal Borborigano parut aux yeux de la duchesse. Il avait un visage sombre ; son front semblait chargé de nuages, et un sourire amer se dessinait dans ses rides.

— Madame, dit-il, vous êtes soupçonnée. Si vous êtes coupable, fuyez ; si vous ne l’êtes pas, fuyez encore : parce que, vertueuse ou criminelle, vous serez de loin bien mieux en état de vous défendre…

— Je remercie Votre Éminence de sa sollicitude, dit-elle, le duc de Bracciano reparaîtra quand je jurerai nécessaire de faire voir qu’il existe