Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 1.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fleurs sur sa tombe. Si en montrant le zèle ardent qui l’animait pour la justice, dont il a été long-temps l’organe, et son amour pour l’humanité, qu’il a défendue avec tant de force et de constance ; si, en rendant un hommage public à ses talens et à ses vertus, je ne remplis point assez dignement la tâche imposée à l’orateur, j’aurai du moins l’avantage d’avoir offert un grand exemple et des leçons utiles.

Je ne crains pas que l’envie se soulève ici contre moi ; celui qu’elle a poursuivi n’est plus ; elle doit donc se taire ; et c’est maintenant à la vérité seule qu’il appartient de se faire entendre. Rien dans cet éloge ne sera désavoué par elle : je me croirais indigne de louer celui qui s’est tant occupé à la chercher, qui a eu le courage de la dire, si je pouvais avoir recours à la flatterie et au mensonge.

Lorsqu’on veut parler d’un philosophe et d’un sage, on n’a pas besoin d’aller fouiller dans les siècles les plus reculés pour savoir quels ont été ses ancêtres, s’ils ont obtenu des distinctions éclatantes, s’ils ont ajouté à leurs noms des titres fastueux. Ces avantages, si imposants pour le vulgaire, qui flattent tant l’ambition, mais qui ne supposent pas toujours le mérite, sont peu de chose aux yeux de la raison et de la sagesse.

CHARLES-MARGUERITE-JEAN-BAPTISTE DUPATY, Président à Mortier au Parlement de Bordeaux, naquit à la Rochelle de parens nobles, et surtout recommandables par leurs vertus[1]. Son père, qui avait des lumières, qui connaissait tout le prix d’une bonne éducation, qui savait qu’elle décide souvent de ce qu’on doit être un jour, cultiva l’enfance d’un fils qui lui était cher, et qui donnait de grandes espérances. Il ne vécut pas assez pour jouir du fruit de ses soins ;

  1. Son aïeul était conseiller au conseil supérieur du Cap Français, et son père, qui occupait une charge de trésorier de France, fut reçu en 1744 à l’Académie de la Rochelle, où il a fourni plusieurs mémoires utiles et remplis de vues patriotiques. Ils avaient l’un et l’autre ce qui vaut encore mieux que l’illustration, un mérite héréditaire, des qualités éminentes et de longs services rendus à la société.