Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 1.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

regards sur cette classe malheureuse de citoyens qui n’est comptée pour rien dans la société, tandis qu’elle lui prodigue ses peines et ses sueurs, que l’opulence regarde avec dédain, que l’orgueil appelle la lie du peuple, mais à qui la justice doit une protection, d’autant plus spéciale, qu’elle est son seul soutien et son unique appui.

Oh ! magistrat humain et sensible ! les malheureux vous approchaient toujours avec l’assurance qu’ils seraient favorablement accueillis ; ils trouvaient auprès de vous un accès doux et facile ; ils vous quittaient avec cette pensée consolante que tous les cœurs n’étaient pas encore fermés à la pitié ; le poids de leur infortune devenait alors moins accablant pour eux.

M. DUPATY avait approfondi en homme de génie, la science des lois ; celles qui nous gouvernent avaient surtout fixé son attention. Il avait été frappé des vices et du contraste choquant qui règnent dans notre législation, entre nos mœurs et nos lois. En les rapprochant de celles des nations voisines, en les comparant surtout avec celles du peuple célèbre qui a donné au monde le spectacle de toutes les grandes choses, qui a influé sur la destinée de tous les autres peuples, il avait vu que celles-ci accordaient à l’accusé la liberté de se défendre, tandis que parmi nous l’innocence doit être effrayée de cette inquisition secrette qui ne lui laisse aucune ressource pour sa justification, et qui ne fait que favoriser les coupables adroits ou puissans.

Nous n’avons pris, en effet, des romains, que les petitesses, et les subtilités de leurs lois ; et nous n’avons pas su saisir ces grands principes d’humanité, ces leçons sublimes d’équité et de douceur qui ont fait survivre l’empire de leur législation à l’anéantissement de leur puissance. Nous nous sommes faits une triste et cruelle habitude de regarder comme juste ce qui est autorisé par une loi injuste. Nous avons même cru

    même ». On doit dire à l’éloge de l’homme en place que l’illustre président ne reçut point de réponse.