Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/325

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l, nous aurions quelque raison d’agir ainsi ; mais, dans une compagnie comme la nôtre, à quoi bon se faire valoir inutilement par des mots vides de sens ?

SOCRATE

C’est un procédé qui ne me plaît pas non plus, à moi, Lachès. Mais prenons garde : Nicias croit sans doute à la vérité de ce qu’il dit et ce n’est pas pour parler qu’il soutient cette opinion. Questionnons-le donc avec plus de précision sur sa pensée, et, si nous trouvons qu’il ait raison, nous nous rangerons à son avis ; sinon, nous tâcherons de l’éclairer.

LACHÈS

Interroge-le donc, Socrate, si cela te fait plaisir. Moi je l’ai, ce me semble, interrogé suffisamment.

SOCRATE

Je n’y vois pas d’inconvénient ; car je l’interrogerai à la fois pour toi et pour moi.

LACHÈS

Entendu.

SOCRATE

XXV. — Dis-moi donc, Nicias, ou plutôt dis-nous, puisque Lachès et moi, nous faisons cause commune, tu prétends que le courage est la science de ce qui est à craindre et de ce qui ne l’est pas ?

NICIAS

Oui.

SOCRATE

Et que cette science n’est pas à la portée de tout le monde, puisque ni le médecin ni le devin ne la connaissent et qu’ils ne seront courageux qu’à la condition de l’acquérir d’autre part ? N’est-ce pas là ce que tu disais ?

NICIAS

C’est bien cela.

SOCRATE

Le proverbe a donc raison de dire qu’il n’appartient pas au premier porc venu de la connaître et de devenir courageux.