Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/333

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ferais.

NICIAS

Sur ce point, je suis de ton avis : si Socrate consent à s’occuper de ces jeunes gens, il ne faut point chercher d’autre maître. Aussi bien je lui confierais très volontiers Nicèratos, s’il le voulait bien ; mais chaque fois que je lui en parle, il me présente quelque autre et lui-même se dérobe. Mais vois, Lysimaque, si Socrate t’écoutera mieux que moi.

LYSIMAQUE

Ce serait justice, Nicias ; car, de mon côté, je suis prêt à faire pour lui bien des choses que je ne ferais pas pour bien d’autres. Qu’en dis-tu, Socrate ? M’écouteras-tu et nous aideras-tu à rendre ces jeunes gens les meilleurs possible ?

SOCRATE

XXXI. — Il serait par trop étrange, Lysimaque, de refuser son aide à quelqu’un qui aspire à se perfectionner. Si donc, dans la discussion que nous venons de tenir, j’avais fait preuve de science et tes deux amis d’ignorance, tu aurais raison de m’appeler à cette tâche préférablement à eux ; mais, comme nous sommes tous restés également dans l’embarras, pourquoi choisir l’un d’entre nous de préférence aux autres ? Pour moi, j’estime qu’il ne faut en choisir aucun. Cela étant, voyez si je ne vais pas vous donner un bon conseil. Je dis, messieurs, que nous devons tous en commun chercher le meilleur maître pour nous d’abord, car nous en avons besoin, ensuite pour ces jeunes gens, sans épargner l’argent ni quoi que ce soit ; mais de rester dans l’état où nous sommes, c’est ce que je ne puis conseiller. Et si l’on rit de nous parce qu’à notre âge nous croyons devoir aller à l’école, nous pouvons, ce me semble, nous couvrir de l’autorité d’Homère, qui a dit que la honte est une mauvaise compagne pour l’indigent. Donc, sans nous inquiéter de ce qu’on pourra dire, prenons soin à la fois de nous-mêmes et de ces jeun