Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/367

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— Et en effet, nous disons que ce qui est plus grand a la propriété d’être plus grand que quelque chose ?

— Il l’a, en effet.

— Que quelque chose de plus petit, s’il est vrai qu’il soit plus grand ?

— Nécessairement.

— Si donc nous trouvions une grandeur plus grande, qui fût plus grande que les autres grandeurs et qu’elle-même, mais pas plus grande qu’aucune des grandeurs en comparaison desquelles les autres sont plus grandes, elle aurait à coup sûr cette particularité, étant plus grande qu’elle-même, d’être en même temps plus petite qu’elle-même, n’est-ce pas ?

— De toute nécessité, Socrate.

— Et si une chose était le double des autres doubles et d’elle-même, elle serait, n’est-ce pas ? le double de la moitié qui la constitue et des autres doubles ; car il ne saurait y avoir de double que d’une moitié.

— C’est juste.

— Mais étant plus grande qu’elle-même, elle serait moindre en même temps, le plus lourd que soi-même serait plus léger ; le plus vieux serait plus jeune et de même pour le reste. Tout ce qui aurait la propriété de se rapporter à soi-même n’aurait-il pas aussi l’essence à laquelle sa propriété se rapporte ? Je m’explique par un exemple : nous avons dit que l’ouïe ne pouvait être l’ouïe d’autre chose que de la voix, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Si donc elle doit s’entendre elle-même, il faudra qu’elle ait une voix pour cela ; autrement elle ne s’entendra pas.

— C’est de toute nécessité.

— Et la vue, excellent Critias, si elle doit se voir elle-même, aura nécessairement une couleur, car la vue ne saurait rien voir d’incolore.

— Non, en effet.

— Tu vois donc, Critias, que, parmi les choses que nous avons énumérées, il nous apparaît, pour les unes,