Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/470

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Tu m’as convaincu, Hippias, et j’en demeure là. Cependant, Hippias, rafraîchis mon souvenir ; sommes-nous un, toi et moi, ou es-tu deux, et moi deux aussi ?

HIPPIAS

Qu’est-ce que tu dis, Socrate ?

SOCRATE

Je dis ce que je dis. Je n’ose pas parler clairement devant toi ; tu te fâches contre moi quand tu crois avoir bien parlé. Cependant dis-moi encore : chacun de nous n’est-il pas un et n’est-il pas dans sa nature d’être un ?

HIPPIAS

Si.

SOCRATE

Si chacun de nous est un, il est par là impair. Ne juges-tu pas que l’unité est impaire ?

HIPPIAS

Si.

SOCRATE

Et nous deux pris ensemble, sommes-nous impairs, alors que nous sommes deux ?

HIPPIAS

C’est impossible, Socrate.

SOCRATE

Alors, nous sommes un nombre pair, n’est-il pas vrai ?

HIPPIAS

Certainement.

SOCRATE

De ce que, à nous deux, nous formons un nombre pair, s’ensuit-il que chacun de nous soit pair ?

HIPPIAS

Non, certes.

SOCRATE

Il n’est donc pas de toute nécessité, comme tu le disais tout à l’heure, que chacun soit ce que sont tous les deux, ni que tous les deux soient ce qu’est