Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tre dieu qui ébranle la terre me donne une bonne traversée, le troisième jour, j’arriverai dans la fertile Phtie. »

Et avant ces vers, quand il injuriait Agamemnon, n’a-t-il pas déclaré :

« Maintenant je vais retourner à Phtie, parce qu’il vaut beaucoup mieux que je rentre chez moi avec mes vaisseaux recourbés, et je n’ai pas l’intention de rester ici, sans honneurs, pour t’amasser trésors et richesses ? »

Après avoir dit cela en présence de toute l’armée, puis à ses compagnons d’armes, on ne le voit nulle part ni se préparer, ni se mettre à tirer ses vaisseaux à la mer afin de faire voile pour son pays ; on le voit en revanche dédaigner gaillardement le soin de dire la vérité. C’est pour cela, Hippias, que je t’ai interrogé tout de suite : j’étais embarrassé de décider lequel de ces deux héros a été représenté par Homère comme le meilleur ; je m’imaginais que tous les deux étaient excellents et qu’il était difficile de juger lequel des deux était supérieur par le mensonge, la véracité et toute autre qualité ; car sous ce rapport aussi tous les deux se ressemblent.

HIPPIAS

XIII. — C’est que tu n’y regardes pas d’assez près, Socrate. Lorsque Achille fait des mensonges, il est évident qu’il ne les fait pas de propos délibéré ; il les fait malgré lui, parce qu’il est contraint par le malheur de l’armée de rester pour lui porter secours. Les mensonges d’Ulysse, au contraire, sont volontaires et délibérés.

SOCRATE

Tu me jettes de la poudre aux yeux, très cher Hippias, et tu copies Ulysse.

HIPPIAS

Pas du tout, Socrate. Que veux-tu dire et qu’as-tu en vue ?

SOCRATE

C’est que tu prétends que ce n’est pas de propos délibéré qu’Achille ment, lui qui, à la manière dont Homère l’a représenté, joint à sa jactance tant de charl