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BIOGRAPHIES

mais que, dans un Estat où la puissance royale est establie, on ne pouvoit violer le respect qu’on luy devoit sans une espece de sacrilege, parce que la puissance que Dieu y a attachée estant non seulement une image, mais une participation de la puissance de Dieu, on ne pouvoit s’y opposer sans s’opposer manifestement à l’ordre de Dieu ; et de plus que la guerre civile, qui en est une suitte, estant le plus grand mal que l’on puisse commettre contre la charité du prochain, on ne pouvoit assez exagerer la grandeur de cette faute ; que les premiers Chrestiens ne nous avoient pas appris la revolte, mais la patience, quand les princes ne s’acquittoient pas bien de leur devoir. Il disoit ordinairement qu’il avoit un aussy grand eloignement de ce pesché que pour assassiner le monde, ou pour voler sur les grands chemins ; et qu’enfin il n’y avoit rien qui fust plus contraire à son naturel, et sur quoy il fust moins tenté ; ce qui le porta à refuser des avantages considerables pour ne point prendre part à ces desordres[1].

  1. Quels sont ces avantages que Pascal aurait refusés ? Il eût été intéressant d’avoir à cet égard quelque information précise. Or, dans le cercle que Pascal semble avoir le plus fréquenté au cours de sa période mondaine, on est du parti de la cour. Mazarin écrit de Bouillon, le 21 septembre 1652, en faveur du frère de Méré, pour lui faire expédier le brevet de chambellan du duc d’Anjou ; en août 1658 ce frère est dépêché par Anne d’Autriche auprès de Mazarin à Calais. À plusieurs reprises, on voit le duc de Roannez dans le Poitou à la tête des troupes qui font respecter le pouvoir du roi dans le Sud-Ouest de la France. Palluau, qui l’assiste et le remplace, doit à son dévouement à la personne de Mazarin de recevoir en 1652 le titre de maréchal de Clérembault, sous lequel il devait figurer dans les œuvres du chevalier de Méré. Conversations D. M. D. C. E. D. C. D. M. Paris, 1671. — En revanche Étienne Pascal et ses enfants avaient depuis de longues années des relations établies avec des personnages de la cour de Louis XIII qui, sous Mazarin, étaient volontiers de l’oppo-