Page:Œuvres de Blaise Pascal, I.djvu/414

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longue lettre, écrite autant pour calmer leur zèle que pour attester leur bonne foi. Nous nous bornons à citer ces courts fragments :

Du 22 mars 1647.

Monsieur,

« Je vous remercie de tout mon cœur de la peine que vous avez prise de me faire part dans mon esloignement de tout ce qui s’est passé en l’affaire de Mr  de St  Ange. Sur quoy il faut que je vous dise que j’ay bien ry des plaisantes pensées de tous ceux qui se meslent de deviner et de faire des commentaires sur les actions de tout le monde… Je ne doute point qu’on ayt pu dire à Rouen que je me suis esloigné de peur d’estre obligé de contribuer à la disgrâce de M. de Saint-Ange. Il est vrai que si j’avois creu que mon absence eut pu empescher et l’effet et la cause, je l’eusse fait très volontiers, et eusse esté ravi que le tout eust pu se disposer et se terminer par des voyes plus douces. Mais vous sçavez bien, et beaucoup d’autres personnes avec vous, que bien longtemps auparavant que j’eusse mesme ouy parler de M. de Saint-Ange, j’avois fait dessein de venir à Paris, et qu’au contraire que cette conjoncture m’eut fait avancer mon voyage, j’eus quelque pensée de le différer encore pour quelques jours, afin d’avoir le moyen et le tems de recevoir M. de St  Ange, qui m’avoit promis de me résoudre les difficultez que je luy avois proposées sur ce qu’il nous avoit avancé huit ou dix jours auparavant. Mais quelques considérations me firent passer outre et m’empescherent de différer davantage mon départ ; vous pouvant asseurer que je ne suis point du tout party de Rouen pour me dégager d’une affaire en laquelle je ne fus jamais engagé, puisque la suite de tout ce qui s’est passé n’a eu commencement que sept ou huit jours aprez que je suis arrivé à Paris ; si ce n’est peut estre que l’on me veuille faire passer pour prophète. Au reste, il n’est pas besoin de fort puissantes raisons pour me persuader qu’il n’est rien de