Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/220

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de montrer le meslange des éléments, il n’ajoute que des choses très foibles à celles qu’il avoit dites dans sa lettre *. Quand il est question de montrer la plénitude du monde, il n’en donne aucune preuve^; et sur ces vaines apparences, il establit son aether imper-

point: cette conséquence n’est pas meilleure. Je ne doute point, fondé sur l’expérience et sur l’union mutuelle des corps dans le monde, que dans cet espace apparemment vuide (pas plus neantmoins que quand l’air y est) il n’y ait un corps. Il faut chercher quel il est, et par où il est entré. » (p. 7-8).

I. Cf. supra, p. 83; et le Plein du Vuide, § IV que les autres elemens se trouvent dans l’air — § V que l’eau est meslée avec les autres elemens — § VI du Thermomètre — § VII De la rarej action et condensation, dont voici la conclusion : « Ces expériences rapportées cy-dessus monstrent que les elemens sont meslez ; et la comparaison des liqueurs qu’on appelle humeurs, meslées dans nos veines, artères et autres con- cavitez de nostre corps, fait entendre ce meslange des elemens dans le grand monde, où les mouvemens du firmament, des Estoiles, des Planètes, et principalement du Soleil, font voir que les Elemens y doivent estre meslez en sorte que vous ne sçauriez prendre aucune partie sensible de l’un, que les autres n’y soient plus ou moins. Le Soleil envoie continuellement par tout le monde ses esprits solaires, qui, sans cesse et invisiblement, meuvent et meslent tout pour le bien du monde, comme le cœur envoie par tout le corps les esprits de vie, qui remuent incessamment et meslent tout pour le bien du corps. Un corps fluide, si toutes ses parties estoient de mesme nature, n’auroit qu’un mouvement local en mesme temps ; ce qui est contre l’expérience. » (p. 28).

2. Cf. § X : que le monde est plein : « Cette plénitude et perfection de ce tout corporel, que nous appelions Monde, se prouve de la nature des elemens, qui n’auroient aucun vuide, s’ils composoient tout ce grand monde sans meslange et selon leur ordre naturel. Les parties de chaque élément seroient jointes et unies d’elles mesmes, sans entre deux, par leur inclination naturelle d’estre en leur tout. Les tous se toucheroient de leurs extremitez par l’inclination naturelle d’estre chacun en sa place, qui est à l’eau immédiatement sur la terre, et immédiatement sous l’air ; et à l’air immédiatement sous le feu élémentaire ou AEther, et immédiatement sur l’eau, Ainsy le monde seroit parfaitement plein. » (p. 27).