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ECRIT DE JACQUELINE PASCAL 451

lion de la mort, en ne refusant point de mourir plusieurs fois le jour à nos inclinations pour honorer cette mort divine qui est le principe de nostre vie. »

V. 6 juin 1651.

« Nous allons pratiquer durant cette sainte octave le mys- tère de la mort de Jésus Christ, où elle est non seulement représentée, mais gravée dans le fond des cœurs par le sacre- ment adorable de son précieux corps et sang, qui nous oblige d'autant plus à l'imiter qu'elle n'est point accompagnée de l'horreur de la croix, mais de la douceur d'une viande qui nourrit et fortifie ceux qui la reçoivent dans le dessein de ne vivre plus que de sa vie, qui nous porte doucement et avec amour à mourir à nous mesmes pour recognoistre la charité de celuy qui est mort pour nous. »

VI. lU juin 1651.

«Notre mère m'escrit qu'elle mande a N. qu'il faut pastir sans agir dans ces rencontres, parce que ce n'est pas à nous autres filles à nous mesler de parler des veritez, mais seule- ment à nous taire, à nous humilier et prier pour ceux qui sont obligez de défendre l'Église. Je ne sçay si cette personne a besoin de cet avis ; mais il est certain que la plus part de ceux qui ayment la vérité font des fautes ; et c'est pour quoy on applique ces paroles du Pseaume, ut desiruas inimi- cum et ultorem à cette rencontre, parce que souvent ceux qui défendent la vérité ne le font pas par l'esprit de Dieu, non plus que ceux qui la combattent * . »

��I. Pascal se souvenait-il de la lettre que sa sœur avait reçue, lors- qu'il écrivait dix ans plus tard à un ami de Glermont : « Le désir do vaincre est si naturel que, quand il se couvre du désir de faire triom- pher la vérité, on prend souvent l'un pour l'autre, et on croit recher- cher la gloire de Dieu, en cherchant en effet la sienne. » (^Pensées et opuscules, 4" éd., 1907, p. 246.)

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