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��LETTRE ÉCRITE PAR [MADEMOISELLE PASCAL]

A Port Royal ce [// mai] i652.

Je viens d'apprendre par la lecture que M' de la Place* m'a fait de vostre lettre Testât auquel vous vous trouvez dans la citadelle de Vaumurier, et les desordres que les gens de guerre continuent d'exercer dans tous les lieux circum- voisins. C'est une protection toute visible de Dieu sur Port Royal que les i 200 hommes qui ont logé aux Granges, ayent vécu avec une si grande retenue, que quand un gênerai janséniste les auroit commandez, ils n'auroient pas plus respecté la maison qui les a reçus. Aussy est elle la demeure des saintes, le refuge des pénitents et l'asile des pauvres. Pour moy, aprez avoir entendu le récit des forti- fications régulières qu'on a faites à nostre château, l'excel- lence du chef, la vaillance des soldats, et surtout que vous avez enfermé avec vous le Seigneur des armées, je vous tiens en plus grande seureté que nous ne sommes icy". Il

��1. M. de la Place est le nom sous lequel Arnauld est désigné dans diverses correspondances de l'époque. Voir dans les Mémoires d'Her- mant, édition Gazier, T. I, p. 478, l'incident soulevé à cet égard par M. Amyot, docteur de Sorbonne et grand ennemi des Jansénistes ; il attribuait à Arnauld un ouvrage écrit par Claude de la Place : « il sçavoit que le nom de La Place etoit le nom de guerre de M. Ar- nauld. » A quoi l'un de ses collègues répondit « qu'il y avoit un véritable M. de la Place, comme il y avoit un véritable M. Amyot » (juillet i65o).

2. Cf. Mémoires pour servir à l'Histoire de Port-Royal, par Fontaine, 1786, T. Il, p. II et suiv. : « ... il falloit transférer les Religieuses à Paris. On prit le jour de S. Marc [25 Avril] pour cette triste proces- sion... Aussi-tôt, nous autres, nous quittâmes les granges, et nous nous

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