Page:Œuvres de Blaise Pascal, III.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

J02 ŒUVRES

n'ose pourtant recevoir aucune espérance de ce costé là, de peur de tomber d'un coup plus rude. Je prie Dieu qu'il nous fortifie tous dans cette occasion, et qu'il im- prime dans nos cœurs les sentiments d'une foy vive qui nous fasse regarder l'absence de ceux que nous aymons comme un voyage pour aller à Dieu, où ils ne nous pré- cèdent que de quelques moments, et où nous devons nous eflbrcer de les suivre en les imitant. Gardons-nous bien de nous plaindre de ce que Dieu nous oste ce qui nous est cher ; avi lieu de luy rendre grâce de nous l'avoir preste si long temps. Je prie ma sœur, en quelque estât qu'elle soit, de se ressouvenir de cette belle parole de M. de Saint-Cyran, que ides malades doivent regarder leur lit comme un autel où ils ojjfrent continuellement à Dieu le sacrifice de leur vie pour la luy rendre quand il luy plaira ; » et cette autre que (( les douleurs et les divers accidents de la maladie sont cette clameur qu'on Jait à minuit pour avertir les vierges de la venue de Vespoux. » Qu'elle espère d'entrer avec luy dans ces bienheureuses noces, puisqu'elle n'a point laissé étein- dre sa lampe en quittant la voye de Dieu, depuis le mo- ment qu'elle y est entrée, et qu'elle n'a point acheté d'huile à ceux qui en vendent en voulant estre flattée de ses conducteurs, mais qu'elle a conservé dans son cœur celle que Dieu y a répandue par le Saint Esprit ; et qu'elle se ressouvienne de prier Dieu pour moy des à présent pour ne cesser plus dans l'éternité, afin qu'il me fasse mi- séricorde, et qu'il me rappelle bientost de mon exil, si c'est pour sa gloire ; qu'elle prie pour mon frère, pour la sainte Eglise et pour tout l'Estat ; car Dieu escoute les prières des malades, quand ils sont tout à luy comme je sais qu'elle y est * .

I. « Copié sur l'original » (A'oie du P. Guerrier).

�� �