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TRAITÉ DE L’ÉQUILIBRE DES LIQUEURS

un Vaisseau clos de toutes parts, plein d’eau, ayant deux ouvertures, l’une en bas, large, où est le Piston ; l’autre en haut, menuë, où est le petit tuyau, dont l’eau est proprement un Piston pesant de luy mesme, et contrepesant l’autre, à cause de la proportion des poids aux ouvertures ; car il n’importe pas si ces ouvertures sont vis à vis ou non, comme il a esté dit.

Où l’on voit que l’eau de ces tuyaux ne fait autre chose que ce que feroient des Pistons de cuivre également pesans ; puisqu’un Piston de cuivre pesant une once, seroit aussi bien en Equilibre avec le poids de cent livres, comme le petit filet d’eau pesant une once : de sorte que la cause de l’Equilibre d’un petit poids avec un plus grand, qui paroist en tous ces exemples, n’est pas en ce que ces corps qui pesent si peu, et qui en contrepesent de bien plus pesans, sont d’une matiere liquide ; car cela n’est pas commun à tous les exemples, puisque ceux où de petits Pistons de cuivre en contrepesent de si pesans, montrent la mesme chose ; mais en ce que la matiere qui s’étend dans le fond des Vaisseaux depuis une ouverture jusqu’à l’autre, est liquide ; car cela est commun à tous, et c’est la veritable cause de cette multiplication.

Aussi dans l’exemple de la figure V. si l’eau qui est dans le petit tuyau se glaçoit, et que celle qui est dans le Vaisseau large du fond demeurast liquide, il faudroit cent livres pour soutenir le poids de cette glace ; mais si l’eau qui est dans le fond se glace,