Page:Œuvres de Blaise Pascal, III.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
175
TRAITÉ DE L’ÉQUILIBRE DES LIQUEURS


Chapitre IV.De l’equilibre d’une Liqueur avec un corps solide.


Nous allons maintenant donner des exemples de l’Equilibre de l’eau avec des corps massifs, comme avec un Cilindre de cuivre massif ; car on le fera nager dans l’eau en cette sorte.

Figure XI. — Il faut avoir un tuyau fort long, comme de vingt pieds, qui s’élargisse par le bout d’en bas, comme ce qu’on appelle un entonnoir : si ce bout d’en bas est rond, et qu’on y mette un Cilindre de cuivre fait au tour avec tant de justesse, qu’il puisse entrer et sortir dans l’ouverture de cet entonnoir, et y couler sans que l’eau puisse du tout couler entre deux, et qu’il serve ainsi de Piston, ce qui est aisé à faire, on verra qu’en mettant le Cilindre et cet entonnoir ensemble dans une riviere, en sorte toutefois que le bout du tuyau soit hors de l’eau, si l’on tient le tuyau avec la main, et qu’on abandonne le Cilindre de cuivre à ce qui devra arriver, ce Cilindre massif ne tombera point, mais demeurera suspendu, parce que l’eau le touche par dessous et non par dessus (car elle ne peut entrer dans le tuyau) ; et ainsi l’eau le pousse en haut de la mesme sorte qu’elle poussoit le vif argent dans l’exemple precedent, et avec autant de force que le poids de cuivre en a pour tomber en bas ; et ainsi ces efforts contraires se contrebalancent. Il est vray qu’il faut pour cet effet qu’il soit assez avant dans l’eau, pour