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TRAITÉ DE L’ÉQUILIBRE DES LIQUEURS

d’eau, c’est à dire qu’il fût enfoncé seulement en sorte que l’eau ne fût pas au dessus de luy, mais aussi qu’il n’eût rien hors de l’eau ; lors il ne seroit poussé ny en haut, ny en bas, par le poids de l’eau ; car elle ne le touche ny par dessus, ny par dessous, puis qu’elle ne peut entrer dans le tuyau ; et elle le touche seulement par tous ses costez : ainsi il ne remonteroit pas, car rien ne l’éleve, et il tomberoit au contraire, mais par son propre poids seulement.

Que si le bout d’en bas du tuyau estoit tourné de costé, comme une crosse, et qu’on y mît un Cilindre, et le tout dans l’eau, en sorte toûjours que le bout d’en haut sorte hors de l’eau, le poids de l’eau le poussera de costé au dedans du tuyau, parce qu’elle ne le touche pas du costé qui luy est opposé, et elle agira de cette sorte avec d’autant plus de force, qu’elle aura plus de hauteur.


Chapitre V.Des corps qui sont tout enfoncez dans l’eau.


Figure XV. — Nous voyons par là que l’eau pousse en haut les corps qu’elle touche par dessus ; qu’elle pousse en bas ceux qu’elle touche par dessous ; et qu’elle pousse de costé ceux qu’elle touche par le costé opposé : d’où il est aisé de conclure que, quand un corps est tout dans l’eau, comme l’eau le touche par dessus, par dessous et par tous les costez, elle fait effort pour le pousser en haut, en bas et vers tous les costez : mais comme sa hauteur est la mesure de la