Page:Œuvres de Blaise Pascal, III.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
ŒUVRES

par la comparaison de l’espace qu’il occupe à celuy qu’il occupoit ; et comme ils seroient très peu différents, il seroit impossible de le remarquer. D’où l’on voit combien il y a de difference entre presser une partie seulement, ou presser generalement toutes les parties.

Il en est de mesme d’un corps dont on presse toutes les parties, hors une seulement ; car il s’y fait une enfleure par le regorgement des autres, comme il a paru en l’exemple d’un homme dans l’eau, avec un tuyau sur sa cuisse. Aussi, si l’on presse le mesme balon entre les mains, quoy qu’on tâche de toucher chacune de ses parties, il y en aura toûjours quelqu’une qui s’échappera entre les doigts, où il se formera une grosse tumeur ; mais s’il estoit possible de le presser partout également, on ne le comprimeroit jamais sensiblement, quelque effort qu’on y employast, pourveu que l’air du balon fût déjà bien pressé de luy mesme ; et c’est ce qui arrive quand il est dans l’eau ; car elle le touche de tous costez.


Chapitre VII.Des animaux qui sont dans l’eau.


[1] Pourquoy le poids de l’eau ne les comprime pas visi-

  1. Vide supra, t. II, p. 290. Cf. les Phænomena hydraulica de Mersenne : « Prop. XLIX : Rationem ob quam corpus hominis ad quantamvis immersum aqaæ profanditatem nullum aquæ pondus sentiat explicare. Plurimi hac de re varias rationes attulere, verbi gratia, corpus hominis nullam ab aqua in quam demergitur, pressionem, nullumque dolorem sentire, quod ex omni parte urgeatur æqualiter, nec ulla pars corporis extra suum locum naturalem extendi possit, ita Stevinus 5 Staticæ prop. 3 » (Cogitata metaphysica, 1644, p. 204). Nous empruntons à