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ŒUVRES

une empoulle ; parce que l’Air de la ventouze, qui estoit rarefié par le feu de la bougie, venant à se condanser par le froid quand le feu est éteint, il attire la chair avec soy pour remplir la place qu’il quitte, comme il attiroit l’eau dans l’exemple precedent.

IV. Si l’on met une bouteille pleine d’eau, et renversée le goulet en bas, dans un vaisseau plein d’eau, l’eau de la bouteille demeure suspenduë sans tomber.

On pretend que cette suspension vient de l’horreur que la nature a pour le vuide, qui arriveroit à la place que l’eau quitterait en tombant, parce que l’Air n’y pourrait succeder : et on le confirme, parce que si on fait une fente par où l’air puisse s’insinuer, toute l’eau tombe incontinent.

On peut faire la mesme epreuve avec un tuyau long, par exemple, de dix pieds, bouché par le bout d’en haut, et ouvert par le bout d’en bas ; Car s’il est plein d’eau, et que le bout d’en bas trempe dans un vaisseau plein d’eau, elle demeurera toute suspenduë dans le tuyau, au lieu qu’elle tomberoit incontinent si on avoit débouché le haut du tuyau.

On peut faire la mesme chose avec un tuyau pareil, bouché par en haut, et recourbé par le bout d’en bas, sans le mettre dans un vaisseau plein d’eau, comme on avoit mis l’autre : car s’il est plein d’eau, elle y demeurera aussi suspenduë ; au lieu que si on débouchoit le haut, elle jailliroit incontinent avec violence par le bout recourbé en forme de jet d’eau.