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TRAITÉ DE LA PESANTEUR DE LA MASSE DE L’AIR

s’y arrester davantage, puisque ce n’est qu’un cas de la regle generale que nous venons de donner.


VI
Que la pesanteur de la masse de l’Air cause l’enfleure de la chair, quand on applique des ventouzes.

Pour faire entendre comment le poids de l’Air fait enfler la chair à l’endroit où l’on met des ventouzes, nous rapporterons un effet entierement pareil, causé par le poids de l’eau, qui n’en laissera aucun doute.

C’est celuy que nous avons rapporté dans l’Equilibre des liqueurs, Figure XVII, où nous avons fait voir qu’un homme mettant contre sa cuisse le bout d’un tuyau de verre long de vingt pieds, et se mettant en cet estat au fond d’une cuve pleine d’eau, en sorte que le bout d’en haut du tuyau sorte hors de l’eau ; il arrive que[1]sa chair s’enfle en la partie qui est à l’ouverture du tuyau, comme si quelque chose la suçoit en cet endroit là.

Or il est évident que cette enfleure ne vient pas de l’horreur du vuide, car ce tuyau est tout ouvert, et elle n’arriveroit pas, s’il n’y avoit que peu d’eau dans la cuve : et il est tres constant qu’elle vient de la seule pesanteur de l’eau ; parce que cette eau pressant sa chair en toutes les parties du corps, excepté en celle là seulement qui est à l’entrée du tuyau (car elle n’y a

  1. Bossut corrige sa en la.