Page:Œuvres de Blaise Pascal, III.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
ŒUVRES

point d’accés), elle y renvoye le sang et les chairs qui font cette enflure.

Et ce que nous disons du poids de l’eau se doit entendre du poids de quelque autre liqueur que ce soit ; car[1] s’il se met dans une cuve pleine d’huile, la mesme chose arrivera, tant que cette liqueur le touchera en toutes ses parties, excepté une seulement : mais si on oste le tuyau, l’enflure cesse ; parce que l’eau venant à affecter cette partie aussi bien que les autres, il n’y aura pas plus d’impression qu’aux autres.

Ce qui estant bien compris, on verra que c’est un effet necessaire, que quand on met une bougie sur la chair et une ventouze par dessus, aussi tost que le feu s’éteint, la chair s’enfle ; car l’Air de la ventouze, qui estoit très rarefié par le feu, venant à se condenser par le froid qui luy succede des que le feu est éteint, il arrive que le poids de l’Air touche le corps en toutes les parties, excepté en celles qui sont à la ventouze ; car il n’y a point d’accés ; et par consequent la chair doit s’enfler en cet endroit, et le poids de l’Air doit renvoyer le sang et les chairs voisines qu’il presse, dans celle qu’il ne presse pas, par la mesme raison et avec la mesme necessité que le poids de l’eau le faisoit en l’exemple que nous avons donné, quand elle touchoit le corps en toutes ses parties, excepté en une seulement : d’où il paroist que l’effet de la ventouze n’est qu’un cas par-

  1. Bossut corrige si l’homme se met.