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PRÉFACE DES TRAITÉS

que ces pensées ne soient rien en comparaison de ce qu’il eût fait s’il eust travaillé tout de bon à ces ouvrages, on s’asseure neanmoins que si le public les voit jamais, il ne se tiendra pas peu obligé a ceux qui ont pris le soin du les recüeillir, et de les conserver[1], et qu’il demeurera persuadé que ces Fragments, tout informes qu’ils sont, ne se peuvent trop estimer, et qu’ils donnent des ouvertures aux plus grandes choses et ausquelles peut estre on n’auroit jamais pensé.


AVERTISSEMENT


Apres avoir averty que la premiere des Tables des Figures qui sont à la fin de ce Livre est pour le Traité de l’Equilibre des Liqueurs, et que la seconde est pour celuy de la Pesanteur de la Masse de l’Air, il est necessaire de faire deux remarques importantes : l’une pour le premier Traité, et l’autre pour le second.

I. Remarque. Ce qui est dit dans le Traité de l’Equilibre des Liqueurs, pag. 4, que quand le tuyau que l’on remplit d’eau seroit cent fois plus large, ou cent fois plus estroit, pourveu que l’eau y fust toûjours à la mesme hauteur, il faudrait toûjours un mesme poids pour contrepeser l’eau, ne doit estre entendu qu’avec cette exception, pourveu que ces tuyaux demeurent toujours un peu gros, comme de deux ou trois lignes de diametre. Car si de deux tuyaux ayant communication l’un dans l’autre, l’un estoit fort menu comme de la grosseur d’une épingle, ou mesme un peu plus, l’eau se tiendroit plus haute dans le plus menu que dans le plus gros. Et quand mesme ces tuyaux fort menus sont separez l’un de l’autre, en les mettant dans l’eau, on voit que l’eau y monte et y demeure suspenduë aux uns plus haut, et aux autres plus bas, selon qu’ils sont plus ou moins menus, quoy qu’ils

  1. Allusion à la Copie qui fut faite des Pensées immédiatement après la mort de Pascal (Préface de l’édition de 1670, in Pensées, Ed. Hachette, 1904, t. I, p. cxc).