Page:Œuvres de Blaise Pascal, III.djvu/46

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30 ŒUVRES

dans un discours que j'ay adressé à M. de Bourde- lot ; j'y ai touché en peu de mots toute l'histoire de cet ouvrage, l'objet de son invention, l'occasion de sa recherche, l'utilité de ses ressorts, les difficultez de son exécution, les degrez de son progrez, le suc- cez de son accomplissement et les règles de son usage. Je diray donc seulement ici le sujet qui me porte à l'offrir à Vostre Majesté, ce que je considère comme le couronnement et le dernier bonheur de son aven- ture. Je sais, Madame, que je pourray estre suspect d'avoir recherché de la gloire en la présentant à Vostre Majesté, puisqu'elle ne sauroit passer que pour ex- traordinaire, quand on verra qu'elle s'adresse à elle, et qu'au lieu qu'elle ne devroit luy estre offerte que par la considération de son excellence, on jugera qu'elle est excellente, par cette seule raison qu'elle luy est offerte. Ce n'est pas neantmoins cette espé- rance qui m'a inspiré ce dessein. Il est trop grand, Madame, pour avoir d'autre objet que Vostre Majesté mesme. Ce qui m'y a véritablement porté, est l'union qui se trouve en sa personne sacrée, de deux choses qui me comblent également d'admiration et de res- pect, qui sont l'autorité souveraine et la science so- lide ; car j 'ai une vénération toute particulière pour ceux qui sont élevez au suprême degré, ou de puis- sance, ou de cognoissance. Les derniers peuvent, si je ne me trompe, aussi bien que les premiers, passer pour des souverains. Les mesmes degrez se rencon- trent entre les génies qu'entre les conditions ; et le pouvoir des roys sur les sujets n'est, ce me semble,.

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