Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/190

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86 OEUVRES

Comme ainsi soit qu’à l’occasion de l’impression d’un Livre qui porte pour tiltre, Augustinus Cornelii Jansenü Episcopi Iprensis, entr’autres opinions de cét Auteur, auroit esté meuë contestation, principalement en France, sur cinq d’icelles ; plusieurs Evesques du mesme Royaume ont fait instance aupres de Nous, à ce qu’il nous plust examiner ces mesmes Propositions à Nous presentées, et prononcer un jugement certain et évident sur chacune en particulier.

La teneur des susdites Propositions est telle qu’il s’ensuit.

La premiere : Quelques Commandemens de Dieu sont impossibles aux hommes justes, lors mesmes qu’ils veulent et s’efforcent de les accomplir, selon les forces qu’ils ont presentes ; et la Grace leur manque par laquelle ils soient rendus possibles.

La seconde : Dans l’estat de la nature corrompue on ne resiste jamais à la Grace interieure.

La troisiesme : Pour meriter et demeriter dans l’estat de la nature corrompuë, la liberté qui exclud la necessité n’est pas requise en l’homme, mais suffit la liberté qui exclud la contrainte.

La quatriesme : Les Semipelagiens admettoient la necessité de la Grace interieure prevenante, pour chaque acte en particulier, mesme pour le commencement de la Foy, et ils estoient heretiques, en ce qu’ils vouloient que cette Grace fust telle, que la volonté humaine pust luy resister, ou luy obeïr.

La cinquiesme : C’est Semipelagianisme de dire, que Jesus-Christ est mort, ou qu’il a respandu son Sang generalement pour tous les hommes.

Nous, qui dans la multitude differente des soins qui continuellement occupent nostre esprit, sommes particulierement touchez de celuy de faire en sorte que l’Eglise de Dieu qui nous a esté commise d’enhaut, estant purgée des erreurs des opinions perverses, puisse combattre avec seureté, et comme un vaisseau sur une mer tranquille, faire voile avec asseurance, les orages et les flots de toutes les tempestes estant appaisez, et enfin arriver au port desiré du salut.

Considerant l’importance de cette affaire, nous avons fait