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90 OEUVRES

tion ; et que de l’autre ils ne sont attachez à aucun Docteur ny Auteur particulier, qui forme des opinions nouvelles, et qui parle de luy mesme touchant la matiere de la Grace, ainsi qu’ils l’ont declaré tant de fois et par escrit, mais à la seule doctrine sainte de l’Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, que les Papes et les Conciles nous asseurent estre contenue dans les Ouvrages du grand Docteur de la Grace, saint Augustin, tant de fois approuvez et consacrez par les Peres et les souverains Pontifes : et qu’ils n’entendent y faire entrer aucune interpretation particuliere, mais la puiser seulement dans ces pures et vives sources, et dans les propres paroles et le propre sens de saint Augustin, et des decrets des Papes et des Conciles, sans aucune nouveauté, aucune alteration, ny aucun meslange ; pour demeurer invariablement attachez à cette excellente maxime d’un S. Pape : Qu’on ne doit rien innover ; mais garder l’ancienne Tradition 1

La lettre d’Arnauld fut présentée au nouveau pape, Alexandre VII, qui la reçut avec estime. Elle provoqua d’autre part de nombreuses réponses. Quelques-unes discutaient le fait même du refus des sacrements. Un nouveau libelle de Péan de la Croullardière accusait Arnauld de « mensonge et d’imposture », « de sophistiqueries tres-indignes d’un Docteur »

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1. Voici comment, le 20 mars 1657, dans un opuscule intitulé : Cas proposé par un Docteur, touchant la signature de la Constitution derniere du Pape Alexandre VII, Arnauld exprimait son opinion sur les propositions attribuées à Jansénius : « .... pour le fait, non seulement il [c’est Arnauld, lui-même] ne croit pas que [les cinq Propositions] soient de Jansenius, mais il est tres-persuadé que les quatre dernieres n’en sont en aucune sorte, ny quant au sens, ny quant aux termes, et qu’il s’y en trouve mesme de toutes contraires. Et quant à la premiere, que les mots dont elle est composée se trouvent dans Jansenius, mais tellement tronquez, qu’ils ont tout un autre sens dans cet autheur, estans joints avec ce qui les precede, et ce qui les suit, et estans expliqués selon que luy-mesme a declaré qu’il entendoit ces termes, qu’ils n’ont, estans pris absolument et separez de tout autre discours, comme ils sont dans cette premiere proposition. »