Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/232

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grace n’est pas donnée à tous : Que les Examinateurs mesmes avoient dit en pleine Sorbonne, que cette opinion est problematique[1] : et qu’il estoit luy mesme dans ce sentiment ; ce qu’il me confirma par ce passage qu’il dit estre celebre de saint Augustin[2], Nous sçavons que la grace n’est pas donnée à tous les hommes.

Je luy fis excuse d’avoir mal pris son sentiment, et le priay de me dire s’ils ne condamneroient donc pas au moins cette autre opinion des Jansenistes qui


etiam è nostris. An omnibus detur gratia, problematicum est : agnoverunt Inquisitores nostri : ipse privatim ita sentio, non omnibus dari. Hoc ille continuo celeberrimo Augustini loco confirmat : Scimus gratiam non omnibus hominibus dari.

Hic ego : mentem, ut video, tuam minus tenebam, quod tu boni consulas velim : at illam certè Jansenistarum tanto-

  1. Saint-Amour, dans une relation de ce qui s’était passé en Sorbonne le 2 décembre, écrivait à Arnauld, en résumant le rapport du docteur Chappelas : « Il dit que M. Arnauld traittoit dans sa lettre la question de sçavoir si la grace estoit donnée aux Aveugles, aux Endurcis et aux Infideles, mais ce n’estoit pas là ce qui leur sembloit mauvais hoc nolumus quærere ; Que c’estoit la question qui regardoit les Justes dont ils avoient de la peine et qu’ils ne pouvoient souffrir et que c’estoient des questions qui se traittoient problematiquement dans les escoles… M. Bréda eust bien la hardiesse de nier dans une des assemblées suivantes, que Monsieur Chappelas eust accordé que ces questions là fussent problématiques. » Cette dernière phase est écrite d’une autre main, peut-être par Arnauld. (Cette lettre se trouve à la suite des Mémoires de Beaubrun, T. II, p. 355.)
  2. Epist. ad Vitalem 107 [ancienne numérotation]. Scimus [gratiam Deï] non omnibus hominibus dari. La citation se trouve dans plusieurs écrits antérieurs : dans les Apologies pour Jansénius, p. 76, 270, etc. ; dans l’Apologie pour les Saints Pères, p. 305 ; dans les Escrits de M. Le Moine, ibid., p. 717 ; dans la Lettre d’Arnauld à un duc et pair. p. 173.