Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/242

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ver, ou du moins[1]pour prier Dieu. J’entends bien, luy dis-je, ils ont tout ce qui est necessaire pour prier Dieu de les assister, sans qu’il soit necessaire qu’ils ayent aucune nouvelle grace de Dieu pour prier. Vous l’entendez, me dit-il. Mais il n’est donc pas necessaire qu’ils ayent une grace efficace pour prier Dieu ? Non, me dit-il, suivant Monsieur le Moine.

Pour ne point perdre de temps, j’allay aux Jacobins[2]et demanday ceux que je sçavois estre des nouveaux Thomistes. Je les priay de me dire ce que c’est que pouvoir prochain. N’est-ce pas celuy, leur dis-je, auquel il ne manque rien pour agir. Non, me dirent-ils. Mais quoy, mon Pere, s’il manque quelque chose à ce pouvoir, l’appellez-vous prochain, et diriez-


semper ipsis quicquid necessarium est ad implendum præceptum, vel saltem ad orandum. Teneo, inquam : quæ gratia ad alliciendum precibus divinum auxilium necessaria est, hæac semper adest, nec ulla præterèa nova gratia ad id præstandum requiritur. Habes, inquit. Non ergo ad orandum necessaria est efficax quaedam gratia ? Minime gentium, inquit, ex Doctore Moynio.

Ne quid mihi temporis frustra periret, inde extemplò ad Dominicanos. Hîc cùm aliquos ex novis Thomistis mihi notis evocari jussissem : Quæso, inquam, illud edisserite, quis potestatem proximam habere dicendus sit ? An non is cui nihil necessarium deest ? Minimè vero, inquiunt. An igitur, inquam, eam potestatem proximam dicetis, cui deest aliquid?

  1. A2, pour [le demander à] Dieu; B. pour [la demander à prier] Dieu (sic).
  2. Le grand couvent des Dominicains était situé à l’angle de la rue Saint-Jacques et de la rue des Grès.