Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/252

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nous ne pouvons vaincre les tentations, avoit manqué à S. Pierre ; ce qu’il entendoit du pouvoir prochain, comme il l’a protesté lui-même. Cependant ses ennemis formerent le dessein de condamner cette proposition. Mais se voiant divisez en deux partis, les uns voulant passer pour Thomistes, et les autres se déclarant ouvertement pour Molina, ils eurent peur que cette division ne fût un obstacle au dessein qu’ils avoient d’oprimer M. Arnauld. C’est pourquoi ils feignirent pour un tems une union qui ne consistoit qu’en des mots équivoques qu’on n’expliquoit point, et que chacun interprétoit différemment. Ils choisirent les termes de pouvoir prochain. Tous s’en servoient également, mais un parti les entendoit dans un sens, et l’autre dans un autre.

C’est ce malicieux artifice, et non le pouvoir prochain en lui-même, que nôtre Auteur également éloquent et enjoüé tourne en ridicule, sans s’écarter dans ses railleries de l’exactitude qu’on doit garder quand on traite des matières Théologiques. Il dépeint toute cette fourberie avec les couleurs les plus agréables, mais sans rien outrer. Il soûtient qu’on ne doit point regarder, comme des termes consacrez, pour exprimer la foi, ni exiger de personne de recevoir avec un respect religieux, des mots nouveaux et barbares, qui ne sont établis par aucun endroit de l’Ecriture, des Conciles, ou des Peres. Mais il est bien éloigné de vouloir condamner quelques Théologiens célèbres qui s’en sont quelquefois servis dans un bon sens, c’est à dire dans le sens des Thomistes, et avec les précautions nécessaires. Car ils n’auroient pas voulu en user indifféremment en toutes rencontres, et en parlant même au peuple. Ils n’ont jamais obligé personne à s’en servir ; et ils ont eu soin, lorsqu’ils s’en sont servis, d’en rejetter le venin, c’est à dire, le sens des Molinistes, comme fait Alvarez dans l’endroit que j’ai cité, au lieu que ceux que Montalte condamne faisoient tout le contraire.

Au reste comme ce pouvoir prochain n’étoit qu’un jeu inventé pour faire hâter la Censure, elle ne fut pas plutôt faite qu’on n’en parla plus : Et peu de tems aprés la Sorbonne vit