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TROISIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 183

plus de choses à dire pour la defense de la Proposition de sa Lettre, et pour monstrer qu’elle estoit entierement conforme à la doctrine de S. Thomas, on l’a interrompu plusieurs fois quoyqu’il ne dist que des choses très necessaires, et on a mesme rompu l’Assemblée une heure plûtost que de coustume pour l’empescher de representer ses raisons ; Et le jour de lundy dernier il y en eut d’autres lesquels n’estans qu’au milieu de leurs advis furent contraints par Authorité de se taire et de conclure. Ce qui auroit esté fait sous pretexte d’une pretenduë Conclusion du dix-septiéme de ce mois, par laquelle on auroit voulu limiter le temps de chaque advis à une demie heure, quoy que plusieurs Docteurs se fussent opposez à ladite Conclusion, comme estant inoüye, contraire aux usages de toutes les Compagnies reiglées, et nommément à ceux de ladite Faculté, et à la liberté des suffrages ; et qu’en effet elle n’eust point esté observée dans lesdites quatre premieres Assemblées, et ne le pust estre à cause qu’en une affaire de cette importance, et où il s’agit d’une matiere de Foy, on ne peut l’examiner comme il faut sans laisser une entiere liberté à tous les Docteurs qui en doivent opiner, d’apporter toutes les preuves tirées de l’Escriture, des Peres, et des autres principes de Theologie dont ils veulent appuyer leurs advis, ce qui requiert beaucoup de temps. Et d’autant qu’un grand nombre de Docteurs se voyant par ce moyen privez de la liberté de dire les raisons de leurs advis, se sont retirez desdites Assemblées, et ont cessé dés le jour d’hier d’y aller, ledit sieur Arnauld, après avoir protesté comme il proteste par ces presentes de ne se départir jamais de la Foy Catholique Apostolique et Romaine, dans laquelle il a tousjours vescu, et d’estre toute sa vie comme il a tousjours esté, entièrement soumis à l’Eglise et au Saint Siege, a declaré et declare qu’il ne peut reconnoistre pour légitime une Assemblée où il n’y a point de liberté à des Theologiens de déduire les raisons de leurs advis, et en laquelle il se trouve tant d’autres defauts essentiels. Et pour toutes ces raisons, et autres qu’il dira en temps et lieu, il proteste de