Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/310

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204 ŒUVRES

J’ay dit, que les Peres nous monstrent un juste en la personne de S. Pierre, à qui la grace a manqué. Est-ce moy qui le dis de moy-mesme ? Je ne fais que repeter dans cette proposition les passages formels de ce mesme Saint, et de S.Jean Chrysostome, que j’avois déjà rapportez auparavant, et qui le disent en termes exprés. Qu’est-ce que l’homme, dit S. Augustin, sans la grace de Dieu, sinon ce que fut S. Pierre, lorsqu’il renonça JESUS-CHRIST ? La cheute de S. Pierre, dit S. Jean Chrysostome, ne luy arriva pas pour avoir esté froid envers JESUS-CHRIST, mais parceque la grace luy manqua.

J’ay dit, que les Peres nous monstrent un juste en la personne de S.Pierre, à qui la grace, sans laquelle on ne peut rien, a manqué. Est-ce de moy-mesme que je l’ay dit ? Ce sont ces deux mesmes Peres qui le disent expressément dans les passages que j’en ay citez. C’est pour cette raison, dit S. Augustin, que nostre Seigneur abandonna S. Pierre pour un peu de temps, afin que tous les hommes pussent reconnoistre par son exemple, QU’ILS NE PEUVENT RIEN sans la grace de Dieu. La cheute de S. Pierre, dit S. Chrysostome, ne luy arriva pas tant par sa negligence, que parceque Dieu l’avoit abandonné, pour luy apprendre à ne s’élever pas au dessus de l’infirmité humaine, et pour faire connoistre aux autres Apostres que sans Dieu on ne peut rien.

Cela estant, Monseigneur, comment ces Censeurs pouvoient-ils prendre ces paroles pour un fondement legitime de m’accuser d’heresie, qu’en m’accusant auparavant de les avoir faussement imputées à ces Saints Docteurs, et d’avoir falsifié les passages que j’en cite? Car si je n’ay rien rapporté de ces Saints qui ne soit tres-veritable, il est visible que toutes leurs execrations et leurs anathemes, et tous ces mots horribles, dont ils ont voulu effrayer les simples, ne retombent que sur les Peres.

Cependant ces Theologiens ne m’accusent point dans leur Censure de la moindre infidelité, ny pour l’intelligence du sens, ny pour le rapport des termes de ces grands Docteurs. Ils ne me reprochent point d’avoir imposé à ces Peres. Ils