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212 ŒUVRES

Cependant M. Arnauld fait ses apologies, où il donne en plusieurs colomnes sa proposition et les passages des Peres d’où il l’a prise, pour en faire paroistre la conformité aux moins clair-voyans 1 .

Il fait voir que S. Augustin dit en un endroit qu’il cite; Que Jesus-Christ nous monstre un juste en la personne de S. Pierre, qui nous instruit par sa cheute de fuïr la presomption. Il en rapporte un autre du mesme Pere, qui dit, Que Dieu pour monstrer que sans la grace on ne peut rien, a laissé S. Pierre sans grace. Il en donne un autre de S. Chrysostome qui dit 2 : Que la cheute de S. Pierre n’arriva pas pour avoir esté froid envers Jesus-Christ, mais parce que la grace luy manqua ; et quelle n’arriva pas tant par sa negligence que par l’abandon de Dieu, pour apprendre à toute l’Eglise, que sans Dieu l’on ne peut rien. Ensuite de quoy il raporte sa proposition accusée, qui est celle-cy : Les Peres nous monstrent un juste en la personne de S. Pierre, à qui la grace sans laquelle on ne peut rien a manqué.

C’est sur cela qu’on essaye en vain de remarquer comment il se peut faire que l’expression de M. Arnauld soit autant differente de celles des Peres, que la verité l’est de l’erreur, et la foy de l’heresie. Car où en pourroit-on trouver la difference ? seroit-ce en

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1. Voir toutes ces discussions théologiques dans les passages d’Arnauld cités ci-dessus p. 198 sqq., qui rendent évidente la collaboration directe d’Arnauld dans cette Provinciale (cf. notre introduction p. 195).

2. W. isole les deux citations de St Chrysostome et les sépare par : Et alibi.