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TROISIÈME PROVINCIALE 221

Ce n’est pas qu’ils n’ayent bien veu que ce manquement de liberté qui avoit porté un si grand nombre de Docteurs à se retirer des assemblées, ne feroit pas de bien à leur Censure ; et que l’acte 1 de M. Arnauld, seroit un mauvais preambule pour la faire recevoir favorablement. Ils croyent assez que ceux qui ne sont pas 2 duppes considerent pour le moins autant le jugement de 70. Docteurs qui n’avoient rien à gagner en deffendant M. Arnauld, que celuy d’une centaine d’autres qui n’avoient rien à perdre en le condamnant.

Mais après tout ils ont pensé, que c’estoit tousjours beaucoup d’avoir une censure, quoy qu’elle ne soit que d’une partie de la Sorbonne et non pas de tout le Corps ; quoy qu’elle soit faite avec peu ou point de liberté, et obtenue par beaucoup de menus moyens qui ne sont pas des plus reguliers ; quoy qu’elle n’explique rien de ce qui pouvoit estre en dispute; quoy qu’elle ne 3 marque point en quoy consiste cette heresie, et qu’on y parle peu de crainte de se méprendre. Ce silence mesme est un mystere pour les simples ; et la Censure en tirera cet avantage singulier, que les plus critiques et les plus subtils Theologiens, n’y pourront trouver aucune mauvaise raison.

Mettez vous donc l’esprit en repos, et ne craignez

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1. A 2 B. [de protestation de nullité qu’en avoit fait] M. Arnauld [dés avant qu’elle fust conclüe] seroit. — Cf. pour tout ce qui suit, l’Acte d’Arnauld, supra p. 181 sq.

2. A 2 B. [préoccupez].

3. P’. [remarque].