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OEUVRES

à un Provincial, touchant les matieres de la grace, et particulierement sur la censure de la lettre de M. Arn[auld] par les Molinistes, a commencé aujourd’hui à paroitre avec un esclat et applaudissement encore plus grands que les 2. precedentes. On en a donné par Paris et envoyé dans les Provinces par douzaine, et le succez qu’on en aprend partout est incroyable. On eprouve que ces petites pieces font beaucoup plus d’effet que les autres plus longues et plus considerables ; car en peu de temps on y est agreablement instruit de la verité. Cela choque toujours de plus en plus les adversaires, qui pour cela font mettre en campagne les moucharts à toutes les imprimeries, en sorte que la difficulté et les frais de l’impression en sont extraordinaires. Cela n’empêche pas que P.-R. et les amis de ce lieu n’en fassent toutes les depenses necessaires et par tout où il y va de la gloire de Dieu et de la verité, l’or et l’argent leur sont de la boue : ce qui m’a toujours edifié. »

Le 15 février, le libraire Savreux fut remis en liberté ; mais, le même jour, Arnauld était rayé de la liste des docteurs. On se décidait à opposer aux Provinciales une réponse de ton très violent : Lettre escriite à un Abbé par un Docteur sur le sujet des trois lettres escrittes à un Provincial, par un de ses amys, 18 p. in-4o, datée du 22 février 1656. Et surtout les bruits les plus inquiétants se répandaient sans cesse ; d’Asson de Saint-Gilles les a consignés jour par jour. Le 14, Dugué de Bagnols annonçait en grand secret que des cabales s’organisaient ; le 21, Loménie de Brienne, secrétaire d’État, venait apprendre que le nonce, sur l’ordre du pape, avait demandé à Mazarin de disperser toutes les personnes du dehors de Port-Royal des Champs, et que le cardinal était tout près de lui donner satisfaction. On s’attendait à l’arrestation de Singlin ; la persécution allait commencer. Ces nouvelles étaient exagérées, on le sut quinze jours plus tard ; mais les amis de Port-Royal vivaient dans l’anxiété. D’ailleurs une lettre de Rome apprenait à Arnauld que l’on intriguait pour faire ratifier la censure de Sorbonne, que la papauté lui était hostile :